Bail commercial d’une durée de 1 an : une fausse bonne idée ?
Signer un bail commercial d’une durée de 1 an peut sembler être une solution souple et avantageuse, que l’on soit bailleur ou locataire.
Mais attention : cette option, bien qu’alléchante, soulève des questions juridiques complexes.
La durée minimale légale, les risques de requalification, et l'absence de droit au renouvellement peuvent transformer ce choix en source de litiges.
Dans cet article, nous faisons le point sur la légalité du bail d’un an, les conditions du bail dérogatoire, les erreurs fréquentes et les bons réflexes à adopter.
Que vous souhaitiez louer temporairement ou que vous envisagiez une stratégie de transition, voici tout ce que vous devez savoir pour sécuriser votre contrat.
Dans cet article …
Est-il légal de signer un bail commercial d’un an ?
L’idée d’un bail commercial d’une durée de 1 an peut séduire : flexibilité, engagement limité, adaptation à des besoins temporaires…
Mais avant de signer, il est essentiel de comprendre ce que prévoit la loi et les risques juridiques associés. Un contrat mal rédigé ou mal interprété peut avoir des conséquences inattendues.
Ce que dit la loi sur la durée minimale d’un bail
Le Code de commerce impose une durée minimale légale de 9 ans pour tout contrat relevant du bail commercial 3-6-9.
Cette disposition est d’ordre public, c’est-à-dire impérative : elle s’applique même si les parties souhaitent s’accorder sur une durée plus courte.
Ainsi, un bail commercial de courte durée ne peut être légalement conclu que sous un régime spécifique, celui du bail dérogatoire.
📘 Article L.145-4 du Code de commerce : toute durée inférieure à 9 ans dans un bail commercial est réputée non écrite, sauf exception.

Que risque-t-on avec un bail d’un an classique ?
Si un bail d’un an est signé hors du cadre du bail dérogatoire, il est juridiquement fragile.
Les juges peuvent décider qu’il s’agit en réalité d’un bail commercial à durée ferme ou d’un bail commercial 3-6-9, avec toutes les obligations qui en découlent : droit au renouvellement, application du statut des baux commerciaux, contraintes de résiliation…
⚠️ Cela signifie que le bailleur ne pourra pas récupérer son local avant 9 ans sans indemnité, même s’il pensait conclure un bail court.
La requalification en bail 3-6-9 : un piège juridique courant
Un bail d’un an peut être automatiquement requalifié en bail commercial 3-6-9 si certaines conditions ne sont pas remplies.
C’est notamment le cas si le locataire reste dans les lieux après l’échéance et que le bailleur ne manifeste pas son opposition.
Cette requalification entraîne une série d’engagements sur plusieurs années, souvent non anticipés.
💡 Un bail mal rédigé peut donc devenir un contrat long par simple effet de la loi.
Le bail dérogatoire : une solution légale pour une courte durée
Quand la souplesse est nécessaire, le bail dérogatoire se présente comme une alternative légale parfaitement adaptée.
Il permet de louer un local pour une courte durée, sans appliquer les règles rigides du bail commercial classique.
Mais attention, ce régime est très encadré, et le moindre écart peut le faire basculer dans le régime général.
Définition et cadre juridique du bail dérogatoire
Le bail dérogatoire, aussi appelé bail commercial de courte durée, est un contrat non soumis au statut des baux commerciaux.
Il peut être utilisé pour des besoins ponctuels : tests d'activité, occupations temporaires, travaux…
Sa principale caractéristique ? Il ne donne pas droit au renouvellement, ni à la protection offerte par le statut classique.
📘 Ce type de bail est encadré par l’article L.145-5 du Code de commerce.
Durée maximale et conditions de validité
Le bail dérogatoire peut être conclu pour une durée maximum de 3 ans, renouvellements compris. Il peut être signé pour 1 an, mais il faut veiller à ce qu’il réponde à certaines conditions précises :
Mention explicite dans le contrat qu’il s’agit d’un bail dérogatoire
Durée totale ne dépassant pas 3 ans
Signature antérieure à l’entrée dans les lieux
⚠️ Si l’une de ces conditions n’est pas respectée, le bail peut être requalifié en bail commercial classique de 9 ans.
Peut-on renouveler un bail d’un an ? Ce que dit le droit
Un bail dérogatoire d’un an peut être renouvelé, mais seulement dans la limite des 3 ans cumulés. En d’autres termes, il est possible de signer trois baux d’un an successifs, à condition qu’ils respectent les formes.
Au-delà de cette durée, si le locataire reste dans les lieux, le bail est automatiquement requalifié en bail commercial de longue durée.
📝 Il n’existe pas de droit au renouvellement dans un bail dérogatoire. Toute prolongation est une nouvelle négociation entre les parties.
Cas concrets : quand le bail d’un an peut (ou ne peut pas) s’appliquer
Connaître les règles est une chose, mais les comprendre dans des situations concrètes permet de mieux anticiper les risques.
Voici des cas réels ou plausibles, rencontrés par nos utilisateurs, qui montrent les subtilités du bail commercial d’une durée de 1 an.
Locataire saisonnier ou test d’activité : un exemple sans risque
Julie, entrepreneuse dans l’événementiel, souhaitait tester un concept de pop-up store dans une galerie marchande pendant les fêtes.
Elle a signé un bail dérogatoire d’un an, précisant bien qu’il ne relevait pas du statut des baux commerciaux. Le contrat a été conclu avant son entrée dans les lieux et avec l’accord clair des deux parties.
À l’issue des 12 mois, elle a quitté les lieux comme prévu. Aucun litige, aucun risque : un usage parfaitement encadré.
📘 Ce type de scénario correspond à la durée d’un bail commercial saisonnier prévu par le bail dérogatoire.

Le cas d’un bailleur pressé : quand l’urgence devient source d’erreur
Marc, propriétaire d’un local vacant depuis plusieurs mois, accepte de louer à un restaurateur sans prendre le temps de bien rédiger le contrat. Il conclut un bail d’un an, sans mention du caractère dérogatoire.
Résultat : au bout d’un an, le locataire reste en place et Marc ne réagit pas. Le bail est alors automatiquement requalifié en durée d’un bail commercial de 9 ans.
Il ne pourra pas récupérer son bien avant cette échéance sans verser une indemnité.
💡 Une simple omission peut entraîner une obligation contractuelle longue durée.
Requalification automatique : l’histoire d’un bail prolongé par oubli
Un commerçant signe un bail dérogatoire pour 1 an. Ni le bailleur ni lui ne se préoccupent de la suite à l’échéance. Le locataire reste dans les lieux, continue à payer son loyer, et aucun nouvel acte n’est signé.
Six mois plus tard, un conflit éclate. Le juge tranche : la présence continue du locataire équivaut à une acceptation tacite d’un bail commercial 3-6-9, engageant le bailleur sur 9 ans.
⚠️ Sans réaction claire à l’échéance, la loi s’applique automatiquement.
Que faire à la fin d’un bail d’un an ?
Arriver au terme d’un bail commercial d’un an nécessite de bien gérer la transition. Selon que le contrat est un bail dérogatoire ou un bail commercial requalifié, les démarches à effectuer sont très différentes.
Ne rien faire peut entraîner des engagements lourds pour les deux parties.
Options disponibles pour le locataire
Si le contrat est un bail dérogatoire, le locataire doit quitter les lieux à l’échéance prévue. Il n’a aucun droit au renouvellement automatique.
En revanche, il peut tenter de négocier un nouveau bail, commercial cette fois, avec le propriétaire.
Si le bail a été requalifié (souvent par erreur ou omission), le locataire dispose alors des droits classiques, dont celui au renouvellement à l’issue des 9 ans.
💡 Le silence du bailleur à l’échéance peut être interprété comme une acceptation tacite de prolongation.
Obligations du bailleur
Le propriétaire doit impérativement manifester son opposition à la poursuite de l’occupation si le bail prend fin. Cela se fait par lettre recommandée ou acte d’huissier, envoyés avant la fin du contrat.
S’il ne le fait pas, la loi considère qu’il accepte tacitement que le locataire reste, et cela peut entraîner la requalification automatique en bail commercial de 9 ans.
📘 Ne pas agir à temps, c’est risquer de perdre la maîtrise de son bien pour plusieurs années.
Comment éviter la requalification automatique ?
La première règle est de respecter scrupuleusement les formes : rédiger un contrat clair, limiter la durée totale à 3 ans maximum pour tous les baux dérogatoires cumulés, et agir en temps voulu.
En cas de doute ou de complexité, il est vivement conseillé de faire appel à un avocat spécialisé. Une simple relecture peut éviter des années d’engagement non souhaité.
📝 Anticiper la fin du bail dès sa signature, c’est protéger ses intérêts.
Ce qu’il faut vérifier avant de signer un bail d’un an
Signer un bail commercial d’une durée de 1 an exige rigueur et anticipation. Ce type de contrat, s’il est mal rédigé, peut engager bien au-delà de ce qui est prévu.
Voici les points de vigilance indispensables avant toute signature.
Les clauses obligatoires à insérer
Pour qu’un bail d’un an soit reconnu comme un bail dérogatoire, certaines mentions sont impératives.
Il faut indiquer expressément que le contrat est conclu en application de l’article L.145-5 du Code de commerce, préciser la durée exacte (un an), et exclure toute reconduction tacite.
Toute ambiguïté peut jouer contre vous.
📘 Une simple phrase manquante peut coûter 8 ans d’engagement supplémentaire.
La forme du contrat et sa preuve juridique
Même si la loi n’impose pas de forme particulière, il est essentiel de rédiger un contrat écrit, signé avant l’entrée dans les lieux.
En cas de litige, ce document est la seule preuve valable. Il doit être daté, signé, et conservé avec soin par les deux parties. La date d’entrée dans les locaux doit correspondre à celle mentionnée dans le contrat.
💡 L’absence de contrat écrit facilite la requalification par les tribunaux.
Pourquoi une relecture par un avocat est indispensable
Un bail de courte durée peut cacher des pièges. Certains propriétaires insèrent des clauses invalides, d'autres oublient des mentions essentielles.
En faisant vérifier le bail par un avocat, vous sécurisez la transaction, évitez les litiges et vous assurez que vos droits sont pleinement protégés.
🛡️ Une simple consultation juridique peut éviter des années de contentieux.

Conclusion
Le bail commercial d’une durée de 1 an peut répondre à des besoins ponctuels, mais il reste un contrat piégeux s’il n’est pas rédigé avec précision.
En respectant les conditions du bail dérogatoire, ce type de location est tout à fait possible. Mais à la moindre erreur ou omission, il peut être automatiquement requalifié en bail 3-6-9.
Pour éviter tout engagement involontaire ou litige, il est indispensable de faire vérifier le contrat avant signature. Une mauvaise rédaction peut engager pour 9 ans ce que l’on croyait temporaire.
Chez Bailcom, nous vous accompagnons à chaque étape pour sécuriser vos contrats, relire vos baux et vous éviter les erreurs coûteuses. Pour toute question sur un bail commercial d’une durée de 1 an, contactez dès maintenant nos avocats partenaires.