Votre bail commercial de 9 ans arrive à échéance et aucune des parties ne s’est manifestée ?
Il est fort probable que vous soyez dans une situation de renouvellement tacite d’un bail commercial.
Ce mécanisme, souvent méconnu, entraîne la prolongation du contrat sans formalité… mais pas sans conséquences.
Dans cet article, nous vous expliquons comment fonctionne la tacite prolongation, quels sont les droits et risques pour chaque partie, et surtout comment sécuriser cette période incertaine sans compromettre votre activité ni votre patrimoine.

Qu’appelle-t-on renouvellement tacite ou prolongation tacite ?
Dans le langage courant, on parle souvent de “reconduction tacite”.
En droit commercial, il s’agit en réalité d’une prolongation tacite du bail, c’est-à-dire de la poursuite du contrat sans signature ni accord formel, après son terme légal.
Définition juridique et distinction avec le renouvellement formel
La prolongation tacite intervient lorsque le bail initial, généralement conclu pour une durée de 9 ans, arrive à son terme sans qu’aucune des parties n’ait exprimé sa volonté de le renouveler ou de le rompre.
Il ne s’agit pas d’un renouvellement d’un bail commercial formel (qui implique un accord écrit ou une demande par voie de huissier), mais d’un prolongement de la relation contractuelle dans le silence des parties.
📌 Cette situation est prévue par le Code de commerce et peut durer indéfiniment… sauf dénonciation par l’un des contractants.
Ce que dit le Code de commerce
L’article L.145-9 du Code de commerce prévoit que le bail prend fin à l’expiration de la période initiale sauf congé donné dans les formes et délais prévus, ou demande de renouvellement du locataire.
Si rien n’est fait, le bail se prolonge tacitement.
⚖️ Cette prolongation est légale, mais elle modifie le régime du bail : la durée devient indéterminée, et certaines protections disparaissent.
Pourquoi ce mécanisme est fréquent en pratique
De nombreux professionnels bailleurs comme locataires oublient l’échéance du bail ou préfèrent laisser la situation en l’état par commodité.
Résultat : le bail continue sans modification, mais devient fragile juridiquement, notamment en cas de conflit ou de souhait de revalorisation du loyer.
Conditions d’un renouvellement tacite valable
La prolongation tacite d’un bail commercial ne se présume pas : elle résulte d’une situation précise, régie par des conditions juridiques claires.
Voici les éléments à réunir pour que cette tacite prolongation soit valable et opposable.
Silence du bailleur et du locataire à l’échéance du bail
La première condition est le silence des deux parties à la fin du bail. Cela signifie :
Aucun congé notifié par le bailleur dans les 6 mois précédant l’expiration du bail.
Aucune demande de renouvellement formulée par le locataire.
📅 En l’absence de ces démarches, le contrat ne s’éteint pas, mais se poursuit automatiquement.
Absence de congé ou de demande de renouvellement
Le Code de commerce impose des formalités strictes pour rompre ou renouveler un bail commercial. Sans ces formalités :
Le bailleur ne peut pas imposer de départ immédiat.
Le locataire ne bénéficie plus de la protection liée au droit au renouvellement du bail commercial, mais peut rester dans les lieux.
⚠️ Cette situation installe une zone grise juridique, à la fois confortable et risquée.
Poursuite de l’exploitation du local après les 9 ans
La prolongation tacite suppose également que le locataire continue à exploiter le local commercial après la fin du bail :
Paiement du loyer.
Maintien de l’activité.
Aucun changement dans les conditions d’occupation.
💬 Tant que ces éléments sont réunis, la tacite prolongation est valable… mais elle peut être dénoncée à tout moment, avec un préavis de 6 mois.

Les conséquences juridiques d’un renouvellement tacite
Le renouvellement tacite d’un bail commercial peut sembler confortable à première vue.
Pourtant, il entraîne un changement radical de régime juridique, tant pour le bailleur que pour le locataire. Voici ce qu’il faut absolument savoir.
Une durée indéterminée encadrée par la loi
À l’issue du bail de 9 ans, si aucune des parties ne se manifeste, le contrat se poursuit pour une durée indéterminée. Cela signifie que :
Le bail peut être rompu à tout moment par l’une ou l’autre des parties.
Le contrat reste valable mais n’est plus soumis à un cadre temporel fixe.
📌 Cette situation crée une instabilité juridique, surtout pour le locataire, qui peut se voir délivrer congé à tout moment.
Les règles de résiliation : préavis, délai, forme
Même en cas de tacite prolongation, la résiliation doit respecter un préavis de 6 mois, pour le dernier jour du trimestre civil.
Elle doit être notifiée :
Par acte d’huissier, ou
Par lettre recommandée avec accusé de réception.
⚖️ Le non-respect de ce formalisme rend la résiliation invalide.
L’impact sur le loyer : plafonnement ou déplafonnement ?
Tant que le bail est en tacite prolongation, le loyer continue à s’appliquer dans les mêmes conditions. Mais attention :
Si la prolongation dépasse 12 ans, le bailleur peut demander un déplafonnement du loyer lors d’un renouvellement futur.
Le locataire s’expose à une revalorisation significative, non limitée par l’indice ILC ou ILAT.
🧑⚖️ Cette conséquence est souvent méconnue et peut entraîner une hausse brutale du loyer si la tacite prolongation se prolonge dans le temps.
Étude de cas : un commerçant reste en place après 9 ans
Pour mieux illustrer les effets d’un renouvellement tacite, prenons le cas de Sophie, gérante d’une boutique de prêt-à-porter à Lille.
Le contexte : absence de congé ni demande de renouvellement
En 2013, Sophie signe un bail commercial de 9 ans avec un loyer initial de 1 500 € mensuels. En 2022, aucune des parties ne prend d’initiative : pas de congé de la part du bailleur, pas de demande de renouvellement par Sophie.
Elle continue à exploiter son activité, à payer son loyer, et le bail se prolonge tacitement sans aucune formalisation.
La suite : proposition de hausse de loyer par le bailleur
En 2024, le bailleur informe Sophie de son souhait de renégocier le loyer à 2 000 €.
Il invoque le fait que le bail est désormais en tacite prolongation depuis plus de deux ans et menace de résilier si aucun accord n’est trouvé.
Sophie, inquiète, contacte un avocat Bailcom pour comprendre ses droits.
L’issue : une négociation sécurisée avec un avocat
L’avocat confirme que le bail est en durée indéterminée.
Le bailleur peut effectivement résilier avec un préavis de 6 mois.
Mais il ne peut pas imposer de hausse sans engager une procédure de renouvellement formalisée par un avenant au bail commercial.
Grâce à cette analyse, Sophie engage une négociation encadrée, obtient une hausse limitée à 1 700 €, et fait rédiger un avenant de renouvellement officiel, sécurisant ainsi sa situation pour 9 nouvelles années.
🎯 Ce cas montre que même dans le silence, la vigilance juridique reste indispensable pour protéger ses intérêts.
Conseils pratiques pour éviter les pièges du renouvellement tacite
Laisser un bail commercial se prolonger tacitement peut paraître commode… mais c’est souvent source d’insécurité juridique.
Voici les bonnes pratiques à adopter pour garder le contrôle.
Anticiper l’échéance du bail : calendrier juridique
Dès la 8e année d’un bail 3-6-9, notez les dates clés :
La date d’échéance du bail.
Le délai pour délivrer congé (6 mois avant).
Le moment pour formuler une demande de renouvellement.
📆 Utilisez des rappels automatiques ou déléguez à un avocat pour ne pas rater ces échéances critiques.
Formaliser par écrit toute décision de renouvellement ou de résiliation
Même si les relations sont bonnes entre bailleur et locataire, il est impératif de :
Délivrer un congé formel par huissier ou lettre AR.
Accepter un renouvellement écrit, clair et signé.
Documenter chaque étape pour éviter toute contestation future.
📝 Le droit commercial ne pardonne pas les accords implicites mal encadrés.
Se faire accompagner par un avocat pour sécuriser la suite
Un avocat spécialisé peut :
Vérifier si la tacite prolongation est en cours ou non.
Calculer les délais de résiliation ou de renouvellement.
Rédiger un avenant clair et opposable à toutes les parties.
💬 “Ce n’est pas parce que rien n’est signé qu’il ne se passe rien.”

Conclusion
Le renouvellement tacite d’un bail commercial est un mécanisme courant… mais souvent mal compris.
En l’absence d’initiative à l’échéance, le bail se prolonge de manière silencieuse, exposant les deux parties à une incertitude juridique, notamment en matière de durée, de loyer et de résiliation.
Pour sécuriser le renouvellement tacite d’un bail commercial, il est essentiel d’anticiper les échéances, de formaliser les décisions, et de s’appuyer sur l’expertise d’un avocat pour encadrer juridiquement cette période souvent négligée.
📘 Chez Bailcom, nos avocats partenaires vous accompagnent pour clarifier votre situation, rédiger vos congés ou vos renouvellements, et éviter toute mauvaise surprise.
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