Résiliation du bail commercial : ce que vous devez savoir
La résiliation du bail commercial soulève souvent des interrogations juridiques complexes.
Locataire souhaitant partir ou bailleur devant récupérer son local : chaque situation exige une démarche précise, encadrée par le Code de commerce.
Une erreur de procédure peut entraîner des pertes financières, voire un contentieux.
Dans cet article, nous vous expliquons les différentes formes de résiliation, leurs conditions de validité, ainsi que les précautions à prendre pour respecter les délais et vos droits.
Objectif : vous permettre d’agir en toute sérénité, que vous soyez bailleur ou locataire.
Dans cet article …
Comprendre la résiliation d’un bail commercial 🧠
La résiliation d’un bail commercial n’est pas une rupture simple de contrat : elle obéit à des règles précises, fixées notamment par les articles L.145-4 à L.145-41 du Code de commerce.
Que ce soit à l’initiative du bailleur ou du locataire, cette démarche engage des droits, des délais et parfois des indemnités.
Le bail commercial 3-6-9 prévoit des périodes triennales pendant lesquelles le locataire peut résilier. En dehors de ces périodes, des cas spécifiques permettent une résiliation anticipée, mais toujours sous conditions. Pour en savoir plus sur ce cadre, consultez notre article complet sur le bail commercial 3-6-9.

Une notion encadrée par la loi
Le bail commercial dit "3-6-9" est une base essentielle à comprendre pour gérer la résiliation d’un bail commercial dans les règles.
Le bailleur, quant à lui, ne peut rompre unilatéralement le bail qu’en respectant certaines règles strictes, notamment en cas de reprise, faute du locataire ou non-paiement.
Une importance majeure pour les deux parties
Pour le locataire, la résiliation est souvent motivée par une difficulté économique, un déménagement, ou une cession d’activité.
Pour le bailleur, elle peut permettre une reprise du local, une revalorisation du loyer ou un nouveau projet immobilier.
Exemple : Un commerçant souhaite céder son activité de restauration. Il doit anticiper la résiliation ou prévoir une cession de bail, sous peine de devoir continuer à payer le loyer. Pour mieux comprendre les implications juridiques, voir notre guide sur le modèle de bail commercial.
Résiliation du bail commercial à l’initiative du locataire 🧳
Le locataire bénéficie d’un droit de résiliation encadré, mais assez souple, qui lui permet de quitter les lieux dans certaines conditions, sans pénalité si la procédure est bien suivie.
Résiliation triennale : le droit commun du locataire
La loi prévoit que le locataire peut résilier son bail tous les 3 ans, c’est ce qu’on appelle la résiliation triennale.
Ce droit est automatique, sauf dans les cas expressément exclus par la loi ou le contrat (baux de courte durée, dérogatoires, ou liés à des obligations particulières).
Il doit respecter un préavis de 6 mois, envoyé par acte d’huissier ou lettre recommandée avec accusé de réception.
Exemple : Un fleuriste ayant signé son bail en janvier 2022 peut résilier au 1er janvier 2025, en notifiant sa volonté de partir au plus tard le 30 juin 2024.
Résiliation anticipée : motifs spécifiques acceptés
En dehors des échéances triennales, la résiliation est possible pour :
départ en retraite ou invalidité du locataire ;
clause résolutoire activée par faute du bailleur ;
résiliation amiable convenue entre les parties.
Ces cas sont détaillés dans notre article sur la clause résolutoire dans un bail commercial, qui explique les conditions d’activation et les effets pour les deux parties.
Procédure : rigueur et anticipation
La demande de résiliation doit être claire, formelle, datée, et respecter les délais de préavis légaux.
Une erreur de procédure peut entraîner la nullité de la résiliation, et obliger le locataire à rester ou à continuer de payer le loyer.

Résiliation du bail commercial à l’initiative du bailleur 🏠
Pour le bailleur, résilier un bail commercial est possible, mais encadré par des conditions strictes.
La loi protège le locataire en place, et toute résiliation non justifiée ou mal exécutée peut être invalidée par le juge.
Dans quels cas le bailleur peut résilier ?
Le bailleur peut mettre fin au bail dans plusieurs situations précises :
À l’échéance du bail (9 ans), avec ou sans offre de renouvellement ;
En cas de faute du locataire (non-paiement du loyer, sous-location illicite, usage non conforme…) ;
Pour reprise des locaux à usage personnel ou pour reconstruction ;
Via une clause résolutoire, activable dès lors qu’un manquement contractuel est constaté.
Exemple : Un propriétaire constate que le locataire a transformé la boutique en bar, sans autorisation. Il peut invoquer le changement de destination et résilier via la clause résolutoire. Pour approfondir, consultez notre article sur la résiliation d’un bail commercial par le propriétaire.
Procédure et délais à respecter
La résiliation doit être notifiée par acte d’huissier, avec un préavis de 6 mois avant la date de fin du bail.
En cas de refus ou contestation, l’affaire peut être portée devant le tribunal judiciaire.
Pour plus de détails sur ce point, voir notre article sur la résiliation d’un bail commercial hors période triennale.
L’indemnité d’éviction : une contrepartie obligatoire
Sauf faute grave du locataire, une indemnité d’éviction doit être versée si le bailleur refuse de renouveler le bail à l’échéance.
Elle compense le préjudice subi (perte de clientèle, frais de réinstallation, perte du droit au bail…).
Attention : Cette indemnité peut représenter plusieurs dizaines de milliers d’euros. Plus d’informations dans notre dossier sur l’indemnité d’éviction d’un bail commercial.
Résiliation amiable d’un bail commercial 🤝
Parfois, ni le bailleur ni le locataire ne souhaitent s’engager dans une procédure longue ou conflictuelle.
La résiliation amiable offre alors une alternative souple, rapide et sécurisée à condition d’être bien encadrée.
Une solution sur-mesure
La résiliation amiable consiste à mettre fin au bail d’un commun accord, quelle que soit la date prévue initialement.
Elle permet aux deux parties de négocier librement les conditions : date de départ, montant d’indemnité éventuelle, modalités de remise des clés, etc.
Exemple : Un restaurateur souhaite céder son activité avant la fin de son bail. Il propose une résiliation amiable à son bailleur, assortie d’une indemnité de départ. Les deux y trouvent leur intérêt. Pour tout savoir sur cette procédure, découvrez notre article sur la résiliation d’un bail commercial par le locataire.
Avantages
Évite les contentieux
Gagne du temps
Préserve la relation entre les parties
Peut inclure une indemnité négociée (ou pas)
Précautions à prendre
Un accord amiable doit toujours être formalisé par écrit, sous forme d’avenant ou d’acte de résiliation signé par les deux parties.
Il est recommandé de faire relire ce document par un avocat afin d’éviter les clauses floues ou déséquilibrées.
Conseil : Pensez à intégrer dans l’accord les modalités de restitution du local, de remise en état, et la date précise de libération des lieux. Pour un accompagnement juridique, nos spécialistes en avocat en bail commercial sont à votre service.
Résiliation judiciaire du bail commercial ⚖️
Quand le dialogue est rompu et que les manquements sont graves, la résiliation judiciaire devient la seule voie.
Cette procédure permet à l’une des parties de demander au juge la rupture du contrat pour faute de l’autre.
Motifs recevables pour une résiliation judiciaire
La résiliation judiciaire peut être demandée :
par le bailleur, en cas de retards répétés de loyer, de dégradation des locaux, ou de non-respect des clauses du bail ;
par le locataire, en cas d’insalubrité, de trouble de jouissance, ou si le bailleur ne respecte pas son obligation de délivrance (ex. : non-fourniture d’accès, problèmes techniques non résolus).
Exemple : Un locataire de salon de coiffure ne peut plus exploiter son activité car les canalisations du local sont constamment bouchées. Le bailleur n’intervient pas. Le juge peut accorder la résiliation judiciaire aux torts du propriétaire.
La procédure
La demande se fait devant le tribunal judiciaire, assistée d’un avocat. Un dossier de preuves solide est indispensable (courriers, photos, mises en demeure…).
Le juge peut prononcer la résiliation immédiate ou laisser un délai pour remédier à la faute.
Conséquences
Résiliation avec effet rétroactif possible ;
Attribution d’indemnités à la partie lésée ;
Obligation pour le locataire de quitter les lieux rapidement, souvent sous astreinte.
Conseil : Avant d’en arriver à cette étape, essayez toujours la voie amiable. La résiliation judiciaire est longue, coûteuse et incertaine.
Conséquences de la résiliation du bail commercial 🧾
Mettre fin à un bail commercial entraîne plusieurs effets juridiques et pratiques pour les deux parties.
Il ne suffit pas de quitter les lieux : des obligations post-résiliation subsistent, et certaines peuvent avoir un impact financier significatif.
Obligations du locataire
Une fois la résiliation effective (amiable, triennale ou judiciaire), le locataire doit :
libérer les lieux à la date convenue ;
remettre les clés en bon état ;
restituer le local dans l’état prévu au contrat (souvent “en bon état d’entretien”) ;
payer les loyers et charges jusqu’à la date effective de fin du bail.
Exemple : Un commerçant qui quitte les lieux sans effectuer les réparations prévues par le bail peut se voir réclamer des frais de remise en état.
Obligations du bailleur
Le bailleur, lui, doit :
fournir une quittance de solde ;
restituer le dépôt de garantie, sauf retenues justifiées ;
verser une indemnité d’éviction si la résiliation vient de lui sans faute du locataire.
Indemnités et litiges potentiels
Les litiges post-résiliation concernent souvent :
le montant des réparations locatives ;
les charges impayées ;
la validité de la résiliation ;
le montant de l’indemnité d’éviction.
Conseil : Pour éviter les désaccords, il est fortement recommandé de réaliser un état des lieux de sortie contradictoire, signé par les deux parties ou effectué par huissier.

Conclusion
La résiliation du bail commercial est un processus balisé, qui nécessite rigueur, anticipation et parfois accompagnement.
Qu’elle soit triennale, amiable, judiciaire ou à l’initiative du bailleur, chaque forme implique des conditions précises et des conséquences concrètes.
Mal maîtrisée, elle peut entraîner des litiges coûteux, des pertes d’exploitation, voire une remise en cause du contrat.
Retenez que la meilleure résiliation est celle qui a été préparée en amont, documentée, et idéalement, accompagnée par un professionnel du droit.
C’est la garantie d’une sortie propre, conforme et sécurisée pour les deux parties.
Chez Bailcom, nous accompagnons chaque jour des bailleurs et locataires dans la gestion et la fin de leurs baux commerciaux.
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