Indemnité d’éviction : ce que vous devez savoir pour un bail commercial
L’indemnité d’éviction d’un bail commercial est souvent méconnue ou mal évaluée, alors qu’elle peut représenter une somme cruciale pour un locataire évincé.
Lorsqu’un bailleur refuse le renouvellement sans motif légitime, la loi impose une compensation intégrale du préjudice subi.
Dans cet article, nous vous expliquons à quelles conditions l’indemnité est due, comment elle se calcule, et les bonnes pratiques pour faire valoir vos droits efficacement. Résiliation du bail commercial
Dans cet article …
L’indemnité d’éviction, en clair
Lorsque le bailleur refuse de renouveler un bail commercial sans motif grave ni légitime, le locataire a droit à une indemnité d’éviction.
Ce mécanisme vise à compenser la perte de jouissance du local et le préjudice économique que cela entraîne.
📘 Pour bien comprendre les cas dans lesquels cette situation survient, il est essentiel de maîtriser le cadre juridique de la résiliation du bail commercial, notamment lorsque celle-ci intervient en fin de période ou à l’initiative du bailleur.

Pourquoi une indemnité est-elle prévue en cas d’éviction ?
La protection du locataire commercial repose sur une réalité économique simple : le local est un pilier essentiel de l’activité. Sans lui, c’est souvent tout le fonds de commerce qui s’effondre.
La loi, pour préserver l’équilibre entre bailleurs et commerçants, oblige donc le bailleur à indemniser cette perte s’il refuse le renouvellement sans justification solide.
Ce principe est prévu par l’article L.145-14 du Code de commerce, qui protège le locataire contre toute éviction arbitraire.
Que couvre exactement cette indemnité ?
L’indemnité d’éviction vise à replacer le locataire dans une situation équivalente à celle qu’il aurait eue si le bail avait été renouvelé. Elle couvre :
La perte du fonds de commerce : valeur estimée selon la clientèle, le chiffre d’affaires, la rentabilité.
Le droit au bail : valeur du droit de rester dans le local à conditions avantageuses.
Les frais de déménagement et de réinstallation : coûts concrets liés à la relocalisation.
Les droits de mutation : si le commerçant doit acheter un nouveau fonds ou un droit au bail ailleurs.
Autrement dit, c’est une indemnisation globale du préjudice, et non un simple geste de dédommagement.
📘 Ce droit est reconnu tant aux artisans qu’aux commerçants titulaires d’un bail commercial, dès lors qu’ils sont régulièrement inscrits au RCS ou au Répertoire des Métiers.
Dans quels cas le bailleur doit-il verser une indemnité ?
L’indemnité d’éviction n’est pas automatique dans tous les cas de fin de bail. La loi distingue les situations où elle est due, et celles où le bailleur peut s’en dispenser sans enfreindre les droits du locataire.
Le refus de renouvellement avec éviction
Le cas le plus courant concerne le congé avec refus de renouvellement notifié par le bailleur à l’issue d’un bail commercial classique, souvent de 9 ans.
Si ce refus n’est pas justifié par un motif grave et légitime, ni par l’une des exceptions prévues par la loi, le bailleur est alors tenu de verser une indemnité d’éviction au locataire.
Il existe notamment des situations particulières où la résiliation d’un bail commercial par le locataire ou la résiliation d’un bail commercial par le propriétaire influent sur les conditions d'indemnisation.
Cette obligation concerne aussi bien :
Les locaux commerciaux
Les bureaux
Les établissements artisanaux, sous conditions
La volonté de reprendre le local pour le louer plus cher ou pour changer d’activité ne suffit jamais à écarter ce droit à indemnisation.
Les exceptions à l’indemnité d’éviction
Il existe cependant des cas dans lesquels le bailleur peut refuser le renouvellement sans indemnité :
Motif grave et légitime à l’encontre du locataire (ex. : loyers impayés, infractions répétées, troubles de voisinage)
Démolition pour insalubrité ou sécurité, prévue par l’article L.145-18
Reprise d’un local à usage d’habitation accessoire au bail commercial
Absence de titre : si le locataire ne peut prouver l’existence d’un bail commercial en bonne et due forme
⚠️ Ces exceptions sont strictement encadrées et souvent contestées. Le bailleur doit apporter la preuve du motif invoqué, sous peine d’être condamné à payer l’indemnité malgré tout.
📌 Lorsqu’une clause résolutoire dans un bail commercial est déclenchée pour faute du locataire, elle peut avoir un impact direct sur le droit à indemnité — mais encore faut-il que cette clause soit régulière et mise en œuvre conformément au contrat.

Comment se calcule une indemnité d’éviction ?
Le calcul de l’indemnité d’éviction repose sur une évaluation personnalisée du préjudice subi par le locataire.
Il n’existe pas de montant fixe : chaque situation est analysée au cas par cas, selon des critères économiques, juridiques et commerciaux.
Méthodologie d’évaluation du préjudice
L’indemnité comprend plusieurs composantes principales :
La valeur du fonds de commerce, calculée en fonction de la rentabilité, du chiffre d’affaires, de la typologie de la clientèle et de la notoriété de l’emplacement.
La perte du droit au bail, c’est-à-dire la valeur financière du droit de rester dans les lieux à un loyer inférieur à celui du marché.
Les frais de déménagement et de réinstallation, comme les coûts liés au transport du matériel, à la recherche d’un nouveau local, ou aux travaux d’aménagement.
Les éventuels droits de mutation ou d’enregistrement, si le commerçant doit acheter un nouveau local ou un fonds de commerce.
Dans certains cas, l’indemnité peut aussi inclure une indemnité de trouble commercial, pour compenser les pertes de chiffre d’affaires liées à l’interruption d’activité.
📘 Cette indemnité est également envisageable lorsqu’une résiliation d’un bail commercial hors période triennale intervient de manière irrégulière, causant un préjudice au locataire.
Rôle de l’expert et contestations possibles
Un expert immobilier ou commercial peut être mandaté, à la demande du locataire, du bailleur ou du juge, pour évaluer le montant de l’indemnité.
Ce professionnel tient compte de l’activité réelle, de la zone géographique, et du potentiel de réinstallation. Mais il n’est pas rare que les parties contestent l’évaluation :
Le bailleur peut estimer le montant excessif
Le locataire peut juger l’offre insuffisante ou partielle
Dans ce cas, une contre-expertise ou une procédure judiciaire est envisageable. Il est donc crucial de se faire accompagner par un avocat rompu à ce type d’évaluation, pour ne pas se laisser désavantager.
Démarches pratiques après un congé ou refus de renouvellement
Recevoir un congé sans proposition de renouvellement peut provoquer inquiétude et incertitude. Pourtant, la loi offre un cadre clair pour revendiquer une indemnité d’éviction – à condition d’agir dans les temps et avec méthode.
Réagir dans les délais : 2 ans pour agir
Le locataire dispose d’un délai de deux ans pour réclamer l’indemnité d’éviction. Ce délai commence à courir :
Soit à compter de la notification du congé avec refus de renouvellement
Soit à partir de la signification du refus explicite du bailleur de reconduire le bail
Passé ce délai, le droit à indemnisation peut être perdu. Il est donc essentiel de notifier sa contestation rapidement, par lettre recommandée avec accusé de réception ou via un acte d’huissier.
Ce délai peut être suspendu ou interrompu dans certains cas (procédure judiciaire en cours, transaction, etc.), mais mieux vaut ne pas compter dessus sans avis juridique.
Étapes à suivre pour faire valoir ses droits
Analyser le congé : comprendre s’il est régulier et s’il exclut ou non toute indemnité
Consulter un avocat spécialisé : pour vérifier vos droits, évaluer l’opportunité d’une demande, et lancer les démarches adéquates
Faire estimer le préjudice : via un expert indépendant, sur la base de vos documents comptables, bilans, chiffres d’affaires…
Tenter une résolution amiable : le bailleur peut accepter une indemnisation à l’amiable pour éviter une procédure longue
Engager une action en justice si nécessaire : devant le tribunal judiciaire, pour faire fixer le montant de l’indemnité ou en contester l’absence
Chez Bailcom, nous voyons trop souvent des locataires perdre leurs droits faute d’avoir agi à temps. Un accompagnement rapide permet de défendre ses intérêts et d’obtenir une indemnisation équitable.
Cas concrets et conseils pratiques
Comprendre les règles est une chose. Mais rien ne vaut des exemples réels et des conseils ciblés pour transformer ces règles en stratégie efficace.
Voici ce que vous devez savoir pour optimiser vos chances d’obtenir une indemnité juste.
Exemple : commerçant évincé pour projet de rénovation
Lucas, propriétaire d’un salon de coiffure à Nantes, a reçu un congé sans renouvellement de son bail. Le bailleur évoquait un projet de restructuration de l’immeuble, sans permis de construire ni calendrier précis.
Grâce à l’intervention rapide d’un avocat partenaire de Bailcom, Lucas a fait valoir :
L’absence de projet sérieux de démolition
Son chiffre d’affaires stable sur les trois dernières années
Le coût de transfert de son matériel et la perte prévisible de clientèle
Résultat : une indemnité d’éviction de 85 000 € validée par le juge, couvrant l’ensemble des postes du préjudice.
Ce cas montre qu’il est possible de faire valoir ses droits, même face à des bailleurs puissants, à condition d’être bien conseillé.
Conseils pour maximiser son indemnité
Pour obtenir le montant que vous méritez, voici quelques bonnes pratiques à adopter :
Conservez tous vos bilans comptables : au moins sur les trois dernières années
Documentez votre activité : photos du local, fiches clients, taux de fréquentation…
Demandez une estimation sérieuse de votre fonds de commerce
Anticipez les coûts réels d’un déménagement : frais d’agence, travaux, communication…
Ne signez jamais une acceptation sans l’avis d’un avocat
La moindre négligence peut réduire considérablement l’indemnité. À l’inverse, une préparation rigoureuse augmente la crédibilité de votre demande et vos chances d’obtenir gain de cause rapidement.

Conclusion
L’indemnité d’éviction est bien plus qu’un simple dédommagement : c’est une garantie de justice économique pour le locataire dont l’activité dépend du local commercial.
En connaissant vos droits, en réagissant à temps et en vous entourant des bons experts, vous mettez toutes les chances de votre côté pour obtenir une indemnisation équitable. Résiliation du bail commercial
Chez Bailcom, nous savons à quel point chaque jour compte lorsqu’un bail prend fin sans renouvellement. Nos avocats partenaires vous accompagnent de l’analyse du congé jusqu’à la négociation – ou à la défense en justice – pour vous assurer un avenir commercial solide.
📘 Besoin de faire valoir vos droits ? Faites-vous accompagner pour obtenir l’indemnité d’éviction d’un bail commercial que vous méritez.