Comment résilier un bail commercial en tant que propriétaire : démarches et conseils
La résiliation d’un bail commercial par le propriétaire soulève de nombreuses interrogations juridiques, notamment sur ses conditions de validité, les délais à respecter ou encore les risques encourus.
Si certaines situations permettent au bailleur de mettre fin au contrat, cela reste strictement encadré par le Code de commerce.
Dans cet article, nous faisons le point sur les motifs valables, la procédure à respecter et les bonnes pratiques pour éviter tout litige.
Vous découvrirez également les cas particuliers et les solutions concrètes pour sécuriser votre démarche.
Dans cet article …
Comprendre les bases de la résiliation d’un bail commercial par le propriétaire
Avant toute chose, il est essentiel de bien cerner ce qu’implique la résiliation du bail commercial.
En tant que bailleur, ce droit reste fortement encadré et soumis à des conditions strictes définies par le Code de commerce.
Définition et cadre légal
Le bail commercial est un contrat conclu pour une durée minimale de 9 ans, sauf exception.
Il est régi principalement par les articles L.145-1 et suivants du Code de commerce, qui organisent les droits et obligations des parties.
Contrairement à un bail d’habitation, le propriétaire ne peut résilier un bail commercial à sa convenance. La loi prévoit des fenêtres de résiliation spécifiques, et impose des motifs stricts pour mettre fin au contrat en cours.

Résiliation vs non-renouvellement
Il est crucial de ne pas confondre résiliation anticipée et refus de renouvellement à échéance :
La résiliation intervient avant l’échéance du bail (par exemple au terme d’une période triennale) et nécessite un motif valable, voire une décision de justice.
Le non-renouvellement, quant à lui, intervient en fin de bail (à 9 ans ou plus), avec ou sans indemnité d’éviction d’un bail commercial selon les cas.
💡 Bon à savoir : La résiliation unilatérale hors de ces cadres peut entraîner de lourdes sanctions, notamment le paiement d’une indemnité d’éviction.
Les motifs légitimes de résiliation
En tant que propriétaire, vous ne pouvez résilier un bail commercial de manière anticipée que dans certaines circonstances bien précises.
La loi encadre strictement ces situations pour éviter tout abus et protéger le locataire dans l'exercice de son activité.
Non-paiement des loyers
Le cas le plus fréquent concerne le défaut de paiement des loyers ou charges. Il s’agit d’un manquement grave aux obligations contractuelles du locataire.
Toutefois, avant toute résiliation, il est obligatoire de respecter la procédure de mise en demeure, voire de faire constater le manquement par décision de justice.
⚖️ Exemple : Un propriétaire à Lille a pu résilier un bail après 4 mois d’impayés, avec jugement d’expulsion à l’appui. L'accompagnement par un avocat a été décisif.
Infractions aux clauses du bail
Le non-respect d’autres clauses essentielles du contrat peut aussi justifier une résiliation. Cela peut concerner :
l’exercice d’une activité non prévue dans la clause de destination ;
des nuisances répétées (bruits, odeurs, insalubrité) ;
la sous-location non autorisée ou une cession irrégulière.
Ces situations exigent là encore un constat formel et souvent l’intervention d’un huissier.
Dans ces cas, la présence d’une clause résolutoire dans un bail commercial facilite la résiliation si elle a été activée par le bailleur selon les formes requises.
Reprise pour usage personnel ou travaux
Dans certains cas, la loi autorise une résiliation anticipée pour reprise des locaux par le propriétaire. Cela peut se justifier pour :
loger un membre de sa famille (dans un bail mixte ou habitation) ;
réaliser de grands travaux nécessitant la libération des lieux, notamment pour mise en conformité ou rénovation lourde.
Attention : ces motifs sont soumis à une procédure très encadrée, avec des délais de prévenance stricts et parfois l’obligation de proposer un local de remplacement.
Procédure à suivre pour une résiliation en bonne et due forme
Une résiliation de bail commercial par le propriétaire ne repose pas uniquement sur un motif valable : elle doit aussi respecter une procédure rigoureuse.
Un oubli ou un mauvais formalisme peut annuler la démarche et exposer le bailleur à des recours du locataire.
Notification du congé : forme et contenu
Le congé doit être délivré de manière formelle, soit :
par acte d’huissier, la voie la plus sécurisée ;
exceptionnellement, par lettre recommandée avec accusé de réception dans les cas prévus par l’article L.145-9 du Code de commerce.
Ce congé doit mentionner le motif de résiliation et respecter un délai de préavis minimal de 6 mois avant la date effective de fin de bail ou de période triennale.
📍 Exemple : Un propriétaire à Toulouse a respecté un délai de 6 mois avant la fin d’une période triennale pour notifier une résiliation d’un bail commercial hors période triennale fondée sur des nuisances récurrentes. Le juge a validé la procédure grâce au respect des formes.
Délais impératifs à respecter
Outre le préavis, d’autres délais sont à observer selon les cas :
En cas de non-paiement, une clause résolutoire peut s’appliquer si un commandement de payer reste infructueux pendant un mois.
Pour une reprise, la demande doit souvent intervenir à l’échéance du bail (9 ans) ou au moment d’une période triennale.
Le non-respect des délais entraîne l’inopposabilité du congé, c’est-à-dire qu’il est considéré comme nul.

Nécessité d’un accompagnement juridique
Dans tous les cas, la rédaction du congé doit être extrêmement soignée. Un avocat spécialisé saura s’assurer que le motif est recevable et que les délais sont calculés correctement, évitant ainsi un contentieux long et coûteux.
Les conséquences pour le locataire et le propriétaire
La résiliation d’un bail commercial par le propriétaire n’est jamais sans impact.
Que ce soit pour le bailleur ou pour le preneur, les conséquences peuvent être lourdes, tant sur le plan financier que juridique. Mieux vaut les anticiper.
L’indemnité d’éviction : une obligation fréquente
Lorsqu’un propriétaire met fin au bail sans motif grave (hors manquement ou clause résolutoire), il doit généralement verser au locataire une indemnité d’éviction. Celle-ci couvre :
la perte de la clientèle ;
le coût du déménagement et du réaménagement ;
l’impact sur la rentabilité de l’activité.
Cette indemnité peut atteindre plusieurs dizaines de milliers d’euros. Elle est encadrée par les articles L.145-14 à L.145-17 du Code de commerce.
💡 Exception : si le locataire commet une faute grave (non-paiement, violation des clauses), aucune indemnité d’éviction n’est due.
Risques en cas de procédure irrégulière
Si la procédure de résiliation n’est pas conforme — notification mal faite, délai non respecté, motif flou — le locataire peut :
contester la validité du congé ;
obtenir la reconduction automatique du bail ;
voire réclamer des dommages-intérêts pour résiliation abusive.
Il ne suffit donc pas d’avoir un motif valable : il faut aussi un formalisme irréprochable.
Impact patrimonial pour le propriétaire
Une mauvaise gestion d’une résiliation peut aussi :
bloquer une reprise de locaux prévue pour de nouveaux projets ;
créer un litige long qui gèle les revenus locatifs pendant plusieurs mois ;
dévaloriser le bien, notamment en cas de contentieux en cours.
🛑 C’est pourquoi il est essentiel de sécuriser juridiquement chaque étape de la résiliation.
Cas particuliers et conseils pratiques
Certaines situations spécifiques peuvent compliquer ou faciliter la résiliation du bail commercial.
Voici les cas les plus fréquents rencontrés par les propriétaires, avec des conseils concrets pour sécuriser votre démarche.
Résiliation anticipée : possible mais encadrée
Un propriétaire peut résilier le bail en dehors des périodes triennales si le contrat le permet ou en cas de clause résolutoire activée. Cela suppose en général :
un manquement grave du locataire (impayés, non-respect de la clause de destination, etc.) ;
un commandement de faire ou de payer resté infructueux ;
une validation par le juge des référés en cas de contestation.
🧩 Exemple : Un bailleur en Île-de-France a activé une clause résolutoire après six mois d’activité non conforme. Grâce à un avocat, la procédure a abouti en deux mois.
Résiliation à échéance triennale : stratégie à bien caler
Même en l’absence de faute, un propriétaire peut donner congé à l’échéance d’une période triennale, sous réserve de respecter :
le délai de préavis de 6 mois minimum ;
une justification recevable (reprise, travaux, etc.) pour éviter l’indemnité d’éviction.
⚠️ Attention : un congé mal rédigé à ce moment-là peut être considéré comme nul et entraîner la reconduction tacite du bail pour 3 ans.
Pour en savoir plus sur les droits du locataire dans ce contexte, consultez notre guide sur la résiliation d’un bail commercial par le locataire.
Recommandations pratiques
Pour chaque cas :
Faites toujours relire votre bail par un avocat pour identifier les clauses clés ;
Préparez vos démarches au moins 6 à 9 mois avant l’échéance souhaitée ;
Tenez compte des contraintes calendaires (vacances, fermetures, etc.) pour l’envoi du congé.
🎯 Objectif : éviter toute erreur de procédure qui pourrait se retourner contre vous.

Conclusion
Résilier un bail commercial en tant que propriétaire nécessite de connaître précisément vos droits, les motifs valables, ainsi que les délais et formes de procédure à respecter.
Une notification mal faite ou un motif mal fondé peut entraîner des conséquences juridiques et financières lourdes, voire la reconduction automatique du bail.
Pour éviter tout litige ou perte financière, il est fortement conseillé de se faire accompagner par un avocat spécialisé, notamment pour encadrer la rédaction du congé et évaluer les risques liés à l’indemnité d’éviction.
Grâce à un conseil avisé, vous pourrez résilier un bail commercial par le propriétaire en toute sécurité, dans le respect du droit.
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