Reprise par le propriétaire : ce que vous devez savoir sur votre bail commercial
La reprise d’un bail commercial par le propriétaire soulève souvent des interrogations et tensions, surtout à l’approche du terme du contrat.
Peut-il récupérer le local sans indemnité ? Dans quels cas a-t-il le droit de refuser le renouvellement au locataire ? Ce flou juridique crée souvent un climat d’incertitude.
Cet article vous explique précisément les conditions légales permettant au propriétaire de reprendre les lieux, les protections accordées au locataire, et les démarches à respecter pour éviter tout litige.
Objectif : vous permettre de naviguer en toute confiance dans cette situation délicate.
Dans cet article …
Reprise d’un bail commercial par le propriétaire : que dit la loi ?
La résiliation du bail commercial est strictement encadrée par le droit français. En effet, le statut des baux commerciaux protège fortement le locataire, notamment grâce au droit au renouvellement.
Cela signifie que, sauf exception, un bailleur ne peut pas s’opposer au renouvellement sans motif légitime ou sans verser une indemnité d’éviction.

Le droit du bailleur à refuser le renouvellement
À l’échéance du bail – généralement à l’issue d’un cycle "3-6-9" – le bailleur peut notifier son intention de ne pas renouveler le contrat.
Cette résiliation d’un bail commercial par le propriétaire n’est toutefois possible que dans certains cas :
📌 Soit il accepte de verser une indemnité d’éviction équivalente au préjudice subi par le locataire (perte du fonds de commerce, frais de déménagement, perte de clientèle, etc.).
📌 Soit il invoque un motif légitime prévu par la loi, ce qui l’exonère d’indemnisation.
Ce congé doit impérativement être notifié au moins six mois avant la fin du bail, par acte d’huissier ou par lettre recommandée avec accusé de réception.
Les conditions strictes à respecter pour reprendre un bail
Le refus de renouvellement sans indemnité est possible mais encadré. Il repose sur plusieurs fondements reconnus par la loi :
La résiliation d’un bail commercial par le bailleur dans le cadre d’une reprise pour usage personnel ou familial ;
Des travaux nécessitant la démolition ou transformation des lieux ;
Des manquements du locataire pouvant justifier une résiliation pour faute (impayés, non-respect de la destination…).
⚠️ À défaut de respecter ces critères, la reprise devient illégale et ouvre droit à une indemnité d’éviction, voire à une réintégration judiciaire du locataire dans les lieux.
Dans quels cas le propriétaire peut reprendre le local sans indemnité ?
La loi prévoit des exceptions précises au principe d’indemnisation du locataire en cas de non-renouvellement du bail commercial.
Reprise pour usage personnel ou familial
L’article L.145-17 du Code de commerce autorise la reprise sans indemnité lorsque le bailleur souhaite utiliser le local pour lui-même ou pour un membre proche de sa famille.
Cette résiliation d’un bail commercial pour vente, lorsqu’elle repose sur un projet réel et sérieux d’habitation ou d’exploitation, est acceptée si le bailleur peut occuper les lieux dans un délai raisonnable.
Reconstruction ou réaffectation du local : motifs légitimes reconnus
Un bailleur peut également reprendre les lieux s’il envisage :
Une reconstruction complète ;
Une mise en conformité légale incompatible avec le maintien du bail ;
Une réaffectation des locaux, nécessitant la fin de leur usage commercial.
Dans tous les cas, il doit démontrer clairement les motifs et produire les documents justificatifs nécessaires, tels qu’un permis de construire.
Les droits du locataire face à une tentative de reprise
Face à une reprise d’un bail commercial par le propriétaire, le locataire dispose de solides protections juridiques.
Indemnité d’éviction : un droit fondamental
Lorsque le bailleur n’a pas de motif valable, comme un non-paiement de loyer, il est obligé de verser une indemnité. Celle-ci compense notamment :
La perte de clientèle ;
Les frais de réinstallation ;
Les ruptures contractuelles éventuelles.
💡 Dans certains cas, le non-versement de cette indemnité peut entraîner la réintégration du locataire ou des sanctions à l’encontre du propriétaire.

Contestation du congé devant le tribunal : dans quels cas ?
Le locataire peut saisir la justice s’il conteste :
Le motif de congé ;
La procédure ;
Ou encore le montant proposé de l’indemnité.
Une résiliation d’un bail commercial avant liquidation judiciaire peut par exemple être jugée abusive si elle est anticipée de manière frauduleuse ou sans respect des formes.
Démarches à suivre pour une reprise conforme
Une reprise réussie implique une rigueur procédurale à toutes les étapes.
Notification en bonne et due forme : les délais à ne pas rater
Le congé doit être notifié au moins six mois avant la fin du bail, par acte d’huissier ou lettre recommandée, et inclure toutes les mentions requises.
Un oubli, une erreur ou un flou peut aboutir à la prolongation du bail et à une indemnité d’occupation que le propriétaire devra verser.
Comment sécuriser la procédure pour éviter tout litige ?
Pour sécuriser une résiliation anticipée avec indemnité compensatoire, le bailleur doit préparer son dossier avec soin, prévoir des alternatives de médiation, et conserver les preuves d’intention sérieuse et de bonne foi.
Jurisprudence récente et bonnes pratiques
Les tribunaux sont attentifs aux abus de droit dans le cadre des reprises de locaux.
Décisions marquantes en faveur des locataires
Plusieurs décisions ont rappelé que, même en cas de liquidation judiciaire d’un bail commercial et caution, les règles procédurales et le respect des droits du locataire s’imposent.
Réflexes à adopter en 2025 pour bailleurs prudents
Il est conseillé de :
Préparer la reprise neuf mois à l’avance ;
Documenter chaque étape ;
Et valider le motif auprès d’un professionnel pour éviter une résiliation du bail commercial contestable.
🔍 La préparation minutieuse est le meilleur bouclier contre un contentieux coûteux.

Conclusion
La reprise d’un bail commercial par un propriétaire est possible, mais elle reste encadrée par des règles strictes.
Le respect des délais, la justification du motif, et la bonne foi dans les échanges sont essentiels pour éviter les litiges.
Du côté du locataire, les droits à indemnité ou à contestation restent solides et peuvent être mobilisés efficacement en cas d’abus.
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