Liquidation judiciaire d’un bail commercial et caution : comprendre les enjeux
La liquidation judiciaire d’un bail commercial et caution soulève de nombreuses incertitudes pour le bailleur, le locataire et la caution.
Qui règle les loyers impayés ? Le bail est-il résilié automatiquement ? La caution reste-t-elle engagée ?
Ces situations complexes exigent une compréhension claire des droits et des recours de chacun.
Dans cet article, vous découvrirez les effets concrets d’une liquidation judiciaire sur le bail commercial, le rôle du liquidateur, les droits du bailleur, et surtout les obligations de la caution.
Des conseils pratiques viendront éclairer chaque partie pour éviter les mauvaises surprises ⚖️
Dans cet article …
Comprendre la liquidation judiciaire et ses effets sur le bail commercial
La liquidation judiciaire est une procédure destinée à mettre fin à l’activité d’une entreprise en grande difficulté.
Elle emporte de nombreux effets juridiques, notamment sur les contrats en cours, dont le bail commercial fait partie.
Définition juridique de la liquidation
Conformément aux articles L.640-1 et suivants du Code de commerce, la liquidation judiciaire est ouverte lorsque l’entreprise ne peut plus faire face à son passif exigible avec son actif disponible, et qu’aucune solution de redressement n’est envisageable.
Le tribunal nomme alors un liquidateur judiciaire chargé de réaliser l’actif (vente des biens) et de rembourser les créanciers dans un ordre précis.

Effet du jugement sur le contrat de bail
Contrairement à une idée reçue, l’ouverture de la liquidation n’entraîne pas automatiquement la résiliation du bail commercial. Le bail est gelé, mais reste en vigueur tant que le liquidateur n’a pas pris position.
📍 Cela signifie que le locataire reste juridiquement titulaire du bail, mais n’a plus la main sur son exécution : c’est le liquidateur qui décide de le poursuivre, de le céder, ou de le résilier.
Pendant ce temps, le bailleur ne peut pas réclamer les loyers par voie de justice sans autorisation, ni engager de procédure d’expulsion sans passer par le juge-commissaire.
Le rôle du liquidateur judiciaire
Lorsqu’un jugement de liquidation est prononcé, le liquidateur judiciaire devient l’interlocuteur central pour tous les créanciers, y compris le bailleur.
Il a le pouvoir de décider du sort des contrats en cours, notamment celui du bail commercial.
Poursuite, résiliation ou cession du bail
Le liquidateur dispose de trois options principales :
Poursuivre le bail : s’il juge que le maintien de l’activité ou la cession de l’entreprise est envisageable, il peut décider de continuer à exécuter le bail. Cela implique le paiement régulier des loyers à compter de la décision de poursuite.
Résilier le bail : il peut également opter pour la résiliation d’un bail commercial avant liquidation judiciaire si la poursuite de l’activité est impossible ou non rentable.
Céder le bail : en cas de cession d’activité, le bail peut être transmis à un repreneur, sous réserve de l’accord du bailleur si le contrat le prévoit.
⚖️ Pendant cette période, le bailleur ne peut ni modifier unilatéralement les conditions du bail ni relouer les locaux sans décision du juge-commissaire.
Relations entre liquidateur et bailleur
Le bailleur doit adresser toute demande (paiement des loyers, état des lieux, récupération du local) directement au liquidateur.
Il peut également saisir le juge-commissaire pour obtenir une autorisation particulière, notamment en cas d’urgence ou d’atteinte à ses droits.
🎯 Le rôle du liquidateur est donc crucial : il équilibre les intérêts de la procédure collective et ceux des parties contractantes.
Droits et démarches du bailleur
Face à la liquidation judiciaire du locataire, le bailleur peut vite se retrouver démuni. Pourtant, la loi lui reconnaît des droits spécifiques qu’il doit activer sans tarder pour espérer limiter ses pertes.
Déclaration de créance : une étape obligatoire
Dès l’ouverture de la procédure, le bailleur doit déclarer sa créance au passif de l’entreprise liquidée. Cela comprend :
les loyers impayés à la date du jugement ;
les charges locatives éventuelles ;
les pénalités prévues au contrat.
📌 La déclaration doit être précise et accompagnée de toutes les pièces justificatives : contrat de bail, état des impayés, mises en demeure.

Résiliation pour causes antérieures au jugement
Si des manquements du locataire sont intervenus avant la liquidation, le bailleur peut :
demander au juge-commissaire la résiliation judiciaire du bail ;
ou faire constater la résiliation d’un bail commercial pour faute, si une clause résolutoire le permet.
Cette possibilité permet de reprendre possession des lieux sans attendre la clôture de la procédure.
Loyers postérieurs au jugement : un traitement à part
Les loyers dus après le jugement, si le bail est poursuivi, sont considérés comme des créances postérieures privilégiées.
💡 Si le bail n’est pas poursuivi, le bailleur peut réclamer une indemnité d’occupation d’un bail commercial, correspondant à la période d’occupation des lieux par le liquidateur.
Situation de la caution dans le cadre d’une liquidation
La liquidation judiciaire du locataire ne met pas fin automatiquement aux obligations de la caution. Celle-ci reste généralement engagée, et son rôle devient central en cas d’échec de recouvrement auprès du locataire.
Le maintien de l’engagement de la caution
La caution, qu’il s’agisse d’un tiers ou du dirigeant, peut être tenue de régler les dettes locatives, y compris après la liquidation. Cela vaut notamment en cas de résiliation d’un bail commercial par le bailleur.
📍 Le bailleur peut se retourner contre elle sans attendre la fin de la procédure, dès lors que les loyers restent impayés.
Recours du bailleur contre la caution
Pour obtenir paiement, le bailleur doit :
présenter l’acte de cautionnement ;
justifier les dettes locatives ;
adresser une mise en demeure à la caution.
⚠️ En cas de refus, une procédure judiciaire est possible. La caution ne peut se réfugier derrière la liquidation, sauf clauses spécifiques.
Droit de retour contre le débiteur liquidé
Après avoir payé, la caution dispose d’un recours subrogatoire contre le locataire. Mais en pratique, ce recours est souvent inutile, notamment si la procédure est clôturée pour insuffisance d’actif.
Conseils pratiques pour bailleur et caution
Face à la complexité de ces procédures, quelques réflexes peuvent faire la différence.
Côté bailleur : vigilance et anticipation
Déclarez rapidement votre créance.
Vérifiez si une clause résolutoire s’applique.
En l’absence de réaction du liquidateur dans un mois, envisagez une résiliation d’un bail commercial par le propriétaire.
Demandez conseil en cas de suspension d’expulsion dans un bail commercial.
💡 Un bail rédigé avec une clause résolutoire et un bon engagement de caution protège durablement le bailleur.
Côté caution : réagir sans attendre
Lisez attentivement l’acte de cautionnement (durée, montant, solidarité...).
Demandez toutes les preuves au bailleur avant paiement.
Négociez si besoin un échéancier amiable.
Soyez attentif à d’éventuelles irrégularités : par exemple, si le délai de résiliation du bail commercial n’a pas été respecté ou si une indemnité compensatoire pour résiliation anticipée d’un bail commercial est injustifiée.
📌 En cas de transfert des locaux, vérifiez s’il s’agit d’une reprise d’un bail commercial par le propriétaire, ce qui peut affecter vos obligations.

Conclusion
La liquidation judiciaire d’un bail commercial et caution est une situation délicate, qui mobilise plusieurs acteurs : le liquidateur, le bailleur et la caution.
Chaque décision doit être prise avec méthode pour préserver ses droits et limiter les pertes.
Le bailleur doit agir vite : déclaration de créance, demande de résiliation, suivi du bail… tandis que la caution doit s’armer de vigilance pour évaluer la portée réelle de son engagement, surtout en cas de clôture pour insuffisance d’actif.
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