Charges d’un bail commercial : ce que bailleurs et locataires doivent savoir
La liste des charges récupérables d’un bail commercial (loi Pinel) reste encore floue pour de nombreux professionnels.
Entre obligations légales et clauses contractuelles, il est facile de se tromper… ou de se retrouver à payer des frais injustifiés.
Dans cet article, nous vous aidons à comprendre précisément quelles charges peuvent être réclamées au locataire, lesquelles restent à la charge du bailleur, et comment sécuriser cette répartition pour éviter les litiges.
Dans cet article …
Comprendre les charges dans un bail commercial
Avant d’identifier précisément la liste des charges récupérables, il est important de bien comprendre ce que l’on englobe sous le terme "charges" dans un contrat de bail commercial 3-6-9.
Cela permet de distinguer clairement les frais que l’on peut répercuter, de ceux qui doivent rester à la charge du bailleur.
Définition des charges locatives
Les charges locatives regroupent l’ensemble des dépenses nécessaires au bon fonctionnement et à l’entretien du local commercial.
Cela peut inclure aussi bien des frais de nettoyage, de chauffage collectif, que des frais de gestion, des services communs, ou des taxes spécifiques.
Ces charges sont souvent mensualisées sous forme de provisions, puis régularisées en fin d’exercice sur la base des dépenses réelles.
💡 La régularisation permet d’ajuster les sommes versées en fonction des charges réellement supportées durant l’année.

Distinction entre charges récupérables et non récupérables
La loi Pinel a introduit une distinction claire et encadrée :
Charges récupérables d’un bail commercial : ce sont les dépenses que le bailleur peut légalement faire supporter au locataire, à condition qu’elles soient explicitement listées dans le bail.
Cela comprend, par exemple, l’entretien courant, les consommations énergétiques, les charges de copropriété liées aux services, ou encore la taxe d’enlèvement des ordures ménagères.
Charges non récupérables : ces frais doivent rester à la charge du bailleur, même si le bail ne les exclut pas explicitement.
Il s’agit notamment des travaux relevant de l’article 606 du Code civil, des frais de gestion administrative, ou encore des travaux de mise en conformité réglementaire.
📘 La jurisprudence rappelle régulièrement que l’absence de clause ne suffit pas à rendre une charge récupérable.
Répartition des charges : obligations légales
Depuis l’entrée en vigueur de la loi Pinel, les règles de répartition des charges entre bailleur et locataire ont été renforcées pour plus de clarté et d’équité.
Cette évolution vise à mieux protéger les commerçants tout en apportant un cadre juridique sécurisé pour les propriétaires.
Rôle du bailleur selon la loi Pinel
Le bailleur est désormais tenu de fournir un inventaire précis et limitatif des charges, impôts, taxes et redevances qui peuvent être réclamées au locataire.
Cette liste doit figurer dans le bail et respecter la répartition prévue par la loi.
Certaines dépenses ne peuvent plus être transférées au locataire, même si le bail le prévoit. Cela concerne par exemple :
Les travaux de grosses réparations au sens de l’article 606 du Code civil
Les frais liés à la gestion du bien (honoraires de gestion, d’administration…)
Les coûts de mise en conformité ou de mise aux normes
📘 Ces exclusions sont imposées par l’article L.145-40-2 du Code de commerce.
Responsabilités du locataire
Le locataire reste responsable d’un certain nombre de charges, à condition qu’elles soient mentionnées de manière explicite dans le bail. On parle alors de charges récupérables.
Il peut s’agir :
De l’entretien courant du local (peinture, vitrages, petites réparations)
Des services collectifs (ascenseur, nettoyage des parties communes…)
De certaines taxes locales, comme la taxe de balayage ou la TEOM
En revanche, s’il n’existe aucune clause précisant la nature des charges, la jurisprudence a tendance à privilégier le locataire : le doute profite à celui qui paie.
💡 Un bail flou est souvent un contrat risqué pour le propriétaire.
L’inventaire des charges : un outil indispensable
L’inventaire annexé au bail commercial est bien plus qu’une simple formalité administrative. Il s’agit d’un outil juridique clé permettant de cadrer les charges et d’éviter les litiges.
Contenu obligatoire de l’inventaire
Conformément à la loi Pinel, l’inventaire doit contenir une liste exhaustive des charges, impôts, taxes et redevances susceptibles d’être refacturés au locataire.
Cet inventaire doit :
Distinguer les charges récupérables des non récupérables
Indiquer les modalités de calcul et de répartition
Être annexé au bail dès sa signature, et mis à jour en cas de modification
📘 Sans inventaire précis, toute refacturation peut être contestée par le locataire.
Fréquence et modalités de mise à jour
Le bailleur a également une obligation de transparence dans la durée. Il doit fournir deux documents essentiels au locataire :
Un état prévisionnel des travaux qu’il envisage sur les trois prochaines années
Un état récapitulatif des travaux réalisés au cours des trois années précédentes
Ces informations doivent être communiquées chaque année, au plus tard le 30 septembre, sous forme de synthèse claire. Elles permettent au locataire d’anticiper les charges futures, et d’ajuster sa gestion.
💡 La régularité dans la communication des documents renforce la confiance et limite les contentieux.
Les charges spécifiques : focus sur les éléments clés
Toutes les charges ne se valent pas. Certaines catégories sont particulièrement sensibles et méritent une attention particulière lors de la rédaction du bail. C’est souvent à ce niveau que se nouent les litiges.
Les grosses réparations (article 606 du Code civil)
L’article 606 du Code civil définit les gros travaux que le bailleur ne peut pas faire supporter au locataire. Il s’agit notamment :
Des réparations concernant les murs porteurs
Les voûtes, charpentes, toitures
Les cloisons maîtresses ou éléments structurels du bâtiment
Ces dépenses sont non récupérables. Même une clause contraire dans le bail ne peut les imposer au locataire, sous peine d’être jugée abusive.
📘 La jurisprudence est claire : la charge de la structure du bien reste celle du propriétaire.
Les taxes et impôts : qui paie quoi ?
La taxe foncière est traditionnellement à la charge du bailleur. Toutefois, elle peut être mise à la charge du locataire si le bail le prévoit explicitement. En l’absence de clause, elle demeure non récupérable.
Certaines taxes locales peuvent, quant à elles, être refacturées :
Taxe d’enlèvement des ordures ménagères (TEOM) : récupérable
Taxe de balayage ou taxe sur les enseignes : récupérables selon les cas
Il est donc crucial de préciser dans le bail la nature exacte des taxes refacturées, pour éviter tout malentendu ou redressement ultérieur.
💡 L’ambiguïté fiscale est un terrain glissant : mieux vaut l’anticiper par écrit.
Bonnes pratiques pour éviter les litiges
Un contrat clair, mis à jour et bien rédigé est le meilleur rempart contre les désaccords liés aux charges. Voici les pratiques que tout bailleur ou locataire devrait adopter pour se protéger durablement.
Rédaction claire du bail
La clarté du bail est primordiale. Une simple formule vague comme "les charges sont à la charge du locataire" ne suffit plus. Le bail doit :
Lister précisément chaque charge récupérable
Identifier celles qui ne le sont pas
Inclure un tableau synthétique, si possible, pour faciliter la compréhension
Chaque terme utilisé doit être sans équivoque, et chaque obligation assortie de documents justificatifs.
📘 Un bail bien rédigé limite drastiquement les recours et contestations ultérieures.
Il est également conseillé d’intégrer d’autres clauses financières comme la caution pour bail commercial, voire une caution bancaire pour bail commercial pour protéger davantage le bailleur. Pensez aussi à désigner clairement le garant dans un bail commercial en cas d’impayés.
Communication entre bailleur et locataire
Au-delà de la rédaction initiale, c’est la régularité des échanges qui garantit la sérénité.
Le bailleur doit transmettre chaque année :
Un état des charges réelles (dépenses et régularisation)
Les éléments de preuve (factures, décomptes de copropriété…)
Un point sur les travaux envisagés, comme le prévoit la loi Pinel
De son côté, le locataire peut demander des explications ou formuler des objections. Ce dialogue est sain et permet d’ajuster les documents si nécessaire.
💡 Un bail, c’est aussi une relation de confiance : elle se construit par la transparence.
Il est enfin judicieux d’aborder des notions comme le pas-de-porte d’un bail commercial ou le dépôt de garantie d’un bail commercial 3-6-9 pour sécuriser pleinement le contrat dès le départ. L'indexation des loyers peut également être encadrée par l’indice du coût de la construction pour bail commercial, un point souvent négligé.

Conclusion
La loi Pinel a renforcé les droits des locataires tout en clarifiant les obligations des bailleurs en matière de charges d’un bail commercial.
Pour éviter les malentendus, chaque contrat de bail commercial doit s’appuyer sur une liste détaillée, à jour et bien répartie.
La transparence, la précision et la communication restent les piliers d’une bonne gestion contractuelle. Ne laissez pas le flou juridique s’installer : encadrez les frais, actualisez vos annexes et échangez régulièrement.
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