Bail commercial saisonnier : tout ce qu’il faut savoir pour louer en toute sérénité
Vous envisagez de louer un local pour une activité temporaire, mais vous hésitez sur la formule à adopter ?
Le bail commercial saisonnier est souvent la solution choisie par les commerçants pour exercer uniquement pendant une période déterminée de l’année.
Pourtant, derrière sa souplesse apparente se cachent des pièges juridiques qu’il faut savoir éviter.
Dans cet article, nous vous expliquons les spécificités du bail saisonnier, ses avantages, ses limites et surtout comment l’utiliser en toute sécurité.
Dans cet article …
Qu’est-ce qu’un bail commercial saisonnier ?
Le bail commercial saisonnier est un contrat de location conclu pour une durée courte, limitée à une ou plusieurs saisons dans l’année, sans vocation de continuité annuelle.
Il s’adresse essentiellement aux professionnels exerçant une activité liée au tourisme, aux événements ou à des pics saisonniers comme les fêtes de fin d’année, les marchés estivaux ou les stations balnéaires.
Contrairement au bail commercial 3-6-9, le bail saisonnier ne crée aucun droit au renouvellement pour le locataire, ni de droit à une indemnité d’éviction.
Cette souplesse séduit autant les bailleurs que les locataires à la recherche d’une solution ponctuelle.
⚠️ Attention : ce bail ne doit en aucun cas couvrir une activité exercée toute l’année, même si elle est fluctuante. Une requalification en bail commercial classique pourrait être décidée par un juge si l’occupation est régulière et prolongée.
En résumé, le bail saisonnier répond à trois critères essentiels :
Une durée limitée et définie
Une activité exercée uniquement pendant la période convenue
Une volonté claire et réciproque d’exclure toute stabilité locative
📘 Ce type de bail s’inscrit hors du régime des baux commerciaux (articles L.145-1 et suivants du Code de commerce) tant que sa nature reste strictement saisonnière.

Durée et conditions du bail saisonnier
La durée d’un bail commercial saisonnier n’est pas encadrée par une durée minimale ou maximale dans le Code de commerce, mais elle doit être cohérente avec l’activité exercée.
En pratique, elle s’étend souvent sur une période de 3 à 6 mois, correspondant à une saison touristique ou commerciale.
Ce bail peut être renouvelé d’année en année, mais chaque période doit faire l’objet d’un nouveau contrat écrit.
La reconduction tacite est à éviter absolument, car elle pourrait faire basculer le bail dans le régime des baux commerciaux classiques.
Il est essentiel que le contrat précise :
La durée exacte du bail
Les dates de prise d’effet et de fin
L’absence de renouvellement automatique
Les modalités de restitution des locaux
🔍 Exemple : Une boutique éphémère installée à Biarritz pour la saison estivale (du 1er juin au 15 septembre) devra signer un bail distinct chaque année pour éviter toute ambiguïté juridique. 🔍
Le bailleur peut exiger le versement d’un dépôt de garantie, mais celui-ci n’est pas réglementé comme pour un bail classique.
Il est également responsable de la remise en état du local entre deux occupations s’il en a fait la promesse contractuelle.
💡 Pour certaines activités comme la restauration, il est recommandé de s’assurer que le bail respecte les normes de mise en conformité d’un bail commercial (loi Pinel), notamment en matière de sécurité et d’accessibilité.
Avantages du bail commercial saisonnier
Le bail commercial saisonnier présente des atouts majeurs pour les deux parties, en particulier lorsqu’une activité n’est viable que quelques mois par an.
Il offre une souplesse contractuelle précieuse tout en permettant une exploitation sécurisée du local.
Pour le locataire, c’est l’opportunité d’ouvrir un commerce temporaire sans s’engager sur le long terme. Cela permet de :
Tester une activité ou un emplacement sans contrainte de durée
Adapter le coût locatif à la période d'activité réelle
Éviter les charges fixes à l’année
🎯 Exemple : Sophie, créatrice de bijoux, loue chaque été un local à Arcachon. Elle économise sur les loyers d’hiver tout en conservant une visibilité maximale sur la période touristique. 🎯
Cette logique est très répandue dans le cas d’un bail commercial pour restaurant, lorsqu’un restaurateur souhaite exploiter un local uniquement l’été ou pendant un évènement saisonnier.
Pour le bailleur, ce type de contrat permet :
De valoriser un bien vacant pendant certaines périodes
De fixer librement le loyer selon la saison
De changer de locataire chaque année sans formalité complexe
🧩 Ce cadre souple est particulièrement apprécié dans les zones à fort flux touristique, ou dans les quartiers commerçants soumis à une forte saisonnalité (marchés de Noël, villages de vacances, etc.).
Risques et précautions à prendre
Malgré sa souplesse, le bail commercial saisonnier comporte plusieurs risques juridiques si les précautions d’usage ne sont pas respectées.
Le principal danger réside dans la requalification du bail en contrat commercial de droit commun, ce qui aurait des conséquences financières importantes pour le bailleur.
Ce risque surgit notamment :
Si le local est loué chaque année au même locataire sans rupture ni renégociation
Si l’activité dépasse largement la période indiquée
En cas de clause ambiguë laissant penser à un engagement durable
👨⚖️ Une jurisprudence récurrente vient sanctionner les situations où la saisonnalité est un simple prétexte pour échapper aux obligations classiques du bail commercial. 👨⚖️
Dans certains cas, le recours à une sous-location de bail commercial est envisagé par le locataire pour partager l’espace temporairement avec un tiers. Mais là aussi, attention à respecter les clauses du bail initial.
Pour éviter toute ambiguïté :
Un contrat écrit est indispensable, signé à chaque saison
Les dates et conditions d’occupation doivent être très précises
Il est recommandé de mentionner explicitement l’exclusion du statut des baux commerciaux
Par ailleurs, le bailleur reste soumis à certaines obligations, notamment :
La fourniture des diagnostics techniques obligatoires (amiante, performance énergétique…)
Le respect de la destination des lieux convenus
L’absence de clauses abusives
🔒 Mieux vaut encadrer contractuellement chaque détail pour éviter les contentieux. En cas de doute, le recours à un avocat spécialisé est fortement conseillé.
Conseils pratiques pour sécuriser votre bail saisonnier
Pour que votre bail commercial saisonnier soit une opportunité sereine et non un litige annoncé, certaines bonnes pratiques s’imposent dès la négociation.
Un contrat clair et bien structuré évite les requalifications juridiques et garantit un usage sans accroc du local.
Voici les clauses essentielles à inclure dans le contrat :
Objet du bail : détailler l’activité exercée et mentionner qu’elle est strictement saisonnière
Durée précise : dates de début et de fin, sans équivoque
Non-renouvellement : stipuler expressément que le contrat ne crée aucun droit au renouvellement
Restitution des lieux : obligations de remise en état, inventaire éventuel, modalités de sortie
⚠️ Évitez toute clause de tacite reconduction ou de reconduction automatique. Elle pourrait être interprétée comme une volonté de continuité, et ouvrir la voie à une requalification.
💡 Pour certains types d’activités temporaires commerciales (ex. foires, food trucks, boutiques mobiles), il peut être judicieux d’évaluer si le régime fiscal applicable sera celui du bail commercial en revenu foncier ou BIC, selon votre statut.
Autres recommandations utiles :
Évitez d'accueillir un même locataire sur plusieurs saisons sans rédiger un nouveau contrat à chaque fois
Mettez à jour les diagnostics techniques et informez-en clairement le locataire
En cas de doute sur la rédaction, faites valider le bail par un avocat spécialisé
💡 Marc, propriétaire de deux boutiques à Chamonix, a sécurisé ses locations saisonnières en insérant une clause de sortie anticipée et en renouvelant chaque contrat d’une année sur l’autre. Résultat : zéro litige depuis cinq ans.

Conclusion
Le bail commercial saisonnier est une solution idéale pour les activités ponctuelles ou liées à une saison spécifique.
Il offre une flexibilité précieuse pour les bailleurs comme pour les commerçants, à condition d’en maîtriser les règles.
Pour en tirer pleinement profit, il est crucial de rédiger un contrat précis, d’éviter toute ambiguïté sur la durée et de renouveler formellement chaque saison.
Mais attention : mal encadré, ce type de bail peut facilement être requalifié, avec des conséquences juridiques lourdes pour le propriétaire.
C’est pourquoi l’accompagnement d’un professionnel du droit est recommandé pour sécuriser chaque étape.
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