Augmentation de loyer : que peut imposer un bailleur dans un bail commercial ?
Recevoir une notification d'augmentation de loyer d’un bail commercial peut générer de l’inquiétude, surtout lorsque les montants semblent injustifiés ou flous.
Entre clauses contractuelles et législation encadrée, difficile de savoir jusqu’où un bailleur peut aller… et comment réagir en tant que locataire.
Dans cet article, nous décryptons les règles applicables, les mécanismes d’ajustement autorisés, et les démarches à suivre pour négocier ou contester une hausse de loyer, en toute sécurité.
Dans cet article …
Comprendre les bases légales de la révision du loyer
L’augmentation de loyer d’un bail commercial est strictement encadrée par le Code de commerce.
Contrairement aux idées reçues, un bailleur ne peut pas modifier librement le loyer en cours de contrat, sauf dans des conditions précises définies par la loi.
📘 Ce droit peut être exercé par le bailleur ou le locataire, à condition de respecter les formes et les délais légaux.
Cela s'inscrit notamment dans le cadre plus large du renouvellement d’un bail commercial, moment souvent stratégique pour réajuster le loyer.

Ce que dit le Code de commerce
La révision légale du loyer est prévue à l’article L.145-37. Elle est dite “triennale”, car elle ne peut être demandée qu’à l’issue de chaque période de trois ans, sauf clause contraire plus fréquente prévue dans le bail.
Quand et comment le bailleur peut réviser le loyer
Le bailleur peut demander une révision :
Tous les trois ans, à compter de la date d'effet du bail ou de la dernière révision.
Par lettre recommandée avec accusé de réception ou acte d’huissier.
Il doit également justifier la nouvelle valeur locative demandée, soit par l’indice de référence (ILC ou ILAT), soit par des éléments économiques concrets (évolution du quartier, hausse de l’attractivité commerciale…).
L’importance de la date triennale
Cette date conditionne la recevabilité de la demande.
Une demande anticipée ou hors délai peut être rejetée par le juge.
Il est donc essentiel pour le bailleur d’anticiper sa stratégie de révision pour éviter toute erreur procédurale.
📘 En résumé, le droit à révision existe, mais il doit être exercé dans les règles, au bon moment, et avec les bons arguments.
Les différentes clauses qui influencent l’évolution du loyer
Au-delà de la révision triennale légale, certains baux commerciaux intègrent des clauses contractuelles qui permettent une augmentation régulière du loyer.
Ces mécanismes, s’ils sont bien rédigés, offrent une grande souplesse au bailleur, mais doivent respecter le cadre légal.
La clause d’échelle mobile : automatique mais encadrée
Très répandue, la clause d’échelle mobile permet une indexation automatique du loyer à chaque échéance annuelle ou trimestrielle, en fonction d’un indice choisi (généralement ILC pour les commerçants ou ILAT pour les professions libérales).
➤ Exemple : un loyer indexé chaque année selon l'évolution de l’indice ILC publié par l’INSEE.
Attention, cette clause ne permet pas de contourner le plafonnement triennal. Elle complète mais ne remplace pas la révision légale.
La clause-recette : une option liée au chiffre d'affaires
Plus rare, la clause-recette permet de fixer tout ou partie du loyer en fonction du chiffre d’affaires du locataire.
Elle est particulièrement utilisée dans les centres commerciaux ou les activités saisonnières.
Elle peut inclure :
Une part fixe minimale.
Une part variable calculée en pourcentage des ventes.
Ce type de clause demande une grande transparence comptable du locataire et une négociation équilibrée dès la signature du bail.
Peut-on cumuler plusieurs mécanismes ?
Oui, un bail peut contenir à la fois :
Une clause d’indexation annuelle.
Une possibilité de révision triennale légale.
Et même une clause-recette, si cela est contractuellement prévu.
Toutefois, en cas de conflit entre ces dispositifs, les juges privilégient toujours l’équilibre contractuel et la protection du locataire, surtout en cas de déplafonnement déguisé.
📘 Pour éviter les abus, la rédaction de ces clauses doit être précise et transparente, avec des exemples chiffrés si possible.
Plafonnement et déplafonnement : jusqu’où peut aller l’augmentation ?
L’un des mécanismes les plus protecteurs pour le locataire dans un bail commercial est celui du plafonnement du loyer.
Cependant, certaines situations permettent de dépasser cette limite légale : on parle alors de déplafonnement.
Règle du plafonnement légal : protection du locataire
En principe, lors d’une révision triennale, l’augmentation du loyer est plafonnée en fonction de l’évolution de l’indice de référence choisi (ILC ou ILAT).
Cela signifie que le nouveau loyer ne peut excéder la variation de l’indice entre deux dates de référence.
📘 Exemple : si l’indice a augmenté de 5 % depuis la dernière révision, le loyer peut être augmenté de 5 % maximum, même si la valeur locative a beaucoup évolué.
Le droit au renouvellement du bail commercial s’accompagne souvent d’un maintien du plafonnement, sauf justification solide.
Cas de déplafonnement : quand les circonstances changent
Le déplafonnement peut être demandé dans des cas précis :
Modification notable des facteurs locaux de commercialité.
Changement d’activité dans les lieux loués.
Durée du bail supérieure à 9 ans.
Le renouvellement tacite d’un bail commercial peut prolonger la durée du bail au-delà de neuf ans, ouvrant la voie à une demande de déplafonnement.
Jurisprudences clés à connaître
📘 Le déplafonnement ne se présume pas : il doit être prouvé et justifié, au risque d’être refusé par le juge.

Procédure à suivre pour augmenter le loyer : les bonnes pratiques
Même si le droit à révision existe, l’augmentation de loyer ne peut pas se faire de manière unilatérale. Une procédure stricte encadre chaque étape.
Notification en bonne et due forme
Le bailleur doit notifier sa demande :
Par acte d’huissier, ou
Par lettre recommandée avec accusé de réception.
📘 Sans notification officielle, aucune révision ne peut être imposée, même si les conditions sont réunies.
Contenu de la demande
Le courrier ou l’acte doit :
Citer le bail en vigueur.
Indiquer le montant du nouveau loyer.
Préciser l’indice de référence utilisé.
Expliquer les motifs du déplafonnement, s’il y a lieu.
Lors d’un état des lieux au renouvellement d’un bail commercial (loi Pinel), la transparence devient cruciale pour éviter tout contentieux ultérieur sur le loyer.
Délais à respecter
La révision peut être :
Acceptée expressément ou tacitement.
Négociée à l’amiable.
Contestée devant le juge.
📘 Une bonne procédure, c’est avant tout de la rigueur et de la clarté, pour éviter les conflits et sécuriser l’augmentation.
Comment réagir en tant que locataire ?
Le locataire ne doit jamais rester passif face à une augmentation de loyer.
Négocier, accepter ou contester
En cas de désaccord profond, le refus de renouvellement d’un bail commercial peut parfois être envisagé comme levier de négociation.
Quand saisir le juge
Le locataire peut :
Saisir le tribunal judiciaire.
Demander au juge de fixer le loyer selon la valeur locative.
📘 Attention : le juge peut accepter ou refuser le déplafonnement en fonction des preuves fournies.
Exemples concrets
Un commerçant à Marseille a contesté une hausse de 20 %.
À Lille, un accord amiable a évité un procès.
📘 Mieux vaut une stratégie bien préparée que subir une hausse inattendue.

Conclusion
L’augmentation de loyer d’un bail commercial repose sur un équilibre délicat entre les droits du bailleur et la protection du locataire.
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